Interview de Jean-Gabriel Périot, à propos de la musique de son film Nijuman no borei (200000 Fantômes)
Pouvez-vous expliciter le choix du morceau de Current 93 ?
En fait, pendant mon séjour à Hiroshima, j'ai écouté beaucoup de musique. J'ai notamment réécouté ce disque, Soft Black Star. L'écouter là bas a été un choc car je me suis rendu compte que les textes du morceau Larkpsur and Lazarus étaient très proches de ce que j'étais allé interroger à Hiroshima. C'est un texte sur la destruction et la mémoire de cette destruction. De plus, de nombreux hasards émaillent le texte. Comme « faded pictures » ou « churchbells » (Hiroshima était la deuxième ville la plus chrétienne du Japon après Nagasaki, il y avait donc des églises avec des cloches). L'autre chose qui m'a touché est la boucle au piano, très proche de mon idée de rondes autours du bâtiment. Pour finir, c'est un morceau fragile, on entend que le piano a été enregistré « à la maison », il y a du souffle, des craquements, ce qui rend le morceau d'autant plus humain.
Est-ce un choix premier ou est-ce que le morceau s'est imposé après le montage ?
En fait, en rentrant du Japon, j'avais deux choix de musique. Le deuxième morceau était un morceau de Mono (The Flames Beyond the Cold Mountain sur l’album You are There), groupe de post-rock dont je ne savais pas alors qu'ils étaient japonais. C'était un morceau sans chant, très doux au début et dont l'énergie ne fait que monter sur les dix minutes. Mais assez vite, l'émotion que j'éprouvais pour le morceau de Current 93 ainsi que la construction du morceau avec cette boucle au piano m'ont permis un choix.
L’autre choix aurait été assez semblable à celui fait dans We are winning dn’t forget (2004) ?
Oui, Mono est assez proche de Godspeed You! Black Emperor.
N'avez-vous pas pensé, au départ, à commander une musique originale ?
Non. Pour deux raisons. La première est que j'ai besoin de la musique pour le montage. De plus, j'ai toujours peur de prendre le risque de ne pas être satisfait du résultat d'une création musicale. Je viens de bosser avec un musicien pour mon nouveau film, une fiction qui me dégage donc de l'obligation d'avoir une musique pour le montage.
Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand
2008